Et on fêta Lugh à l'hypocras
Fiou, je ne suis pas venue ici pendant un petit mois, et il s'est passé tellement de choses ... Je suis en pleine explosion, spirituellement parlant, en ce moment, du coup j'ai beaucoup à faire, à défaire, à refaire, et peu de temps, finalement, pour venir en parler. My bad.
Depuis mon retour de vacances, j'ai donc pas mal travaillé sur les pierres trouées (puisque j'en ai trouvé une sur la plage, que j'ai consacrée et chargée) (première fois que je pratique sur une plage, d'ailleurs, c'était une expérience très sympathique ma foi) (c'est rigolo de déambuler sur une plage à minuit, on met souvent les pieds dans des flaques inattendues d'eau de mer glacée), et sur ma pratique (ma réflexion se poursuit, je me penche très sérieusement sur le concept de Hedgewitchery, que je pratique depuis des années sans même m'en rendre compte (enfin, je veux dire, sans mettre un nom dessus) (sinon évidemment que je m'en rends compte, je ne suis pas totalement déconnectée de ce que je fais ...). Mon autel s'est enrichi d'une superbe petite coupelle qui servira à déposer des offrandes (achetée à une potière de talent sur un marché de la Rochelle), et de plusieurs petites choses dénichées en fête médiévale.
Parce que oui, l'élément le plus marquant de ces derniers temps, ça a été la fête médiévale de Souvigny (que je fais tous les ans depuis plus de dix ans maintenant) (c'est dire si c'est une tradition chez moi). Sans compter que ses dates correspondent toujours à celles de Lughnasadh ...
D'ailleurs je me suis mise à penser que, finalement, le festival médiéval était ma célébration de Lughnasadh. Tous les ans ce sabbat me creuse les neurones, je manque d'inspiration, je fais ma Croix de Moisson en rêvant de faire mieux, plus grand, plus long. Mais Lughnasadh, c'est le moment du partage, des rencontres, des festins, des danses, de la musique, des rires, des jeux ... Et moi, je suis seule. Pas facile de festoyer avec soi-même, hm ? Mais à Souvigny, au milieu de la foule bigarrée des gens costumés, parmi les ouin-ouins apoplectiques de mes cornemuses adorées, sur les immenses tables dressées sur des tréteaux des tavernes et auberges de fortune, entourée par les hurlements de rire et les éclats de voix, en discutant avec tout un tas de personnages hauts en couleurs et en savoirs, je ressens réellement l'esprit de Lughnasadh. Cette année, je n'ai pas décoré d'autel, je n'ai pas fait de rituel particulier, j'ai simplement ramassé mon blé et profité à fond du festival. J'ai assisté à deux conférences passionnantes, applaudit des concerts et des spectacles de rue époustouflants, régalé mes mirettes devant les échoppes, admiré les rapaces de la fauconnerie sous la fraîcheur des arbres, partagé des discussions passionnantes avec des gens fantastiques, appris les subtilités du travail d'artisan monnayeur, essayé une multitudes d'instruments de musiques étranges et fascinants (avec un coup de coeur pour la Sansula), cogité sur les énigmes et les jeux de mots de Thierry, le fabriquant d'hydromel, dégusté un large éventail d'hypocras, moretum et autres saugées, été initiée à des danses médiévales pendant le bal costumé, j'ai ri, j'ai bu, j'ai tapé du poing sur les tables en gueulant "TAVERNIER !!!" de ma plus belle voix de gueuse, j'ai dansé avec des inconnu, je me suis fait écrabouillé les pieds en éclatant de rire, j'ai insulté des inconnus avec des injures médiévales, j'ai fait un duel épée-frite en tenant la frite, j'ai caressé des poneys (pardon, des chevaux miniatures), j'ai fait ami-ami avec un farfadet muet et saoul comme une barrique, j'ai tenté de marcher silencieusement dans l'église malgré mes grelots aux chevilles et à la taille (en vain), je me suis fait des tatouages pictes ur la joue avec un eyeliner bavant et j'ai englouti des crêpes à longueur de journée.
Essayez donc de me dire que je n'ai pas fêté dignement Lughnasahd !
Et puis j'ai ramené plein de jolies choses, regardez :
Une sublime escarcelle ancienne en cuir et peau (cadeau de mon barbichu), une charmante bouteille en terre cuite (oeuvre d'un potier bourré de talent, dont vous pouvez trouver la boutique ici) et une bague en bronze à cabochon de pierre de lune. Un bien joli butin !
Une bouteille d'hydromel à la racine de mandragore (très très particulier mais franchement intéressant), une bouteille de moretum à la mûre (une tuerie) et un magnifique service à café, oeuvre d'une potière de grand talent, Mélanie Chevalier (Au Grès du Vent).
Et puis, comme tout autour de Souvigny, c'est la campagne, je suis allée récolter mon blé pour ma Croix de Moisson. Je suis tombée sur un champ bourré de camomille sauvage, mais, de peur des pesticides souvent répandus dans les zones cultivées, je n'y ai pas touché ... Ceci dit, voir des plantes telles que la camomille pousser spontanément dans un champ de blé (qui, d'ailleurs, n'était pas du blé mais de l'orge, soyons exacte), c'est plutôt une garantie de richesse de la terre ...
La lumière était tellement sublime que l'on n'a pas pu s'empêcher d'immortaliser ce moment, le barbichu et moi ...
Et puis j'ai retrouvé ma Soeur, celle avec qui je pratiquais jadis, après presque 6 ans d'absence ... C'est sans doute le plus beau cadeau dans ma vie de Sorcière que les Dieux pouvaient me faire ...