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Conair an Bhaird - The Bard's Path
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30 août 2013

Repos sous les pommiers et retrouvailles avec l'Esprit de la Ronce

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Peu d'activités spectaculaires en ce début d'automne (oui, dans ma vilaine petite tête qui ne fait rien comme les autres, l'automne pointe le bout de son nez à Lughnasadh), je prends le temps de profiter des derniers jours de calme qui me restent avant la reprise du boulot (qui me terrifie, cette année, because gros changement et inconnu, prise de risque et espoir), dehors la plupart du temps, pour sentir l'air changer et les vents tourner.

L'automne était ma saison préférée, avant. J'aime ses couleurs, sa lumière, son instabilité. J'aime le crissement doux des feuilles jaunies qui tombent de leur arbre, leur craquement sous mes pieds. J'aime le soleil au déclin qui éclabousse d'or les arbres contrastés en fin de journée, dans un ciel lourd et chargé. J'aime l'odeur des champignons en forêt, cette fragrance puissante de terre et d'humus, cette décomposition qui fertilise la vie par la mort. J'aime manger les dons de la nature au fil de mes balades, champignons-compagnons gaiement sautés à la poêle, mûres succulentes grignotées à même les ronces acérées. 
Mais, depuis deux ans, elle est aussi, malheureusement, synonyme d'angoisse de la reprise. Cette année, espérons-le, devrait être la dernière, et me laisser de nouveau aimer l'automne avec la même ardeur qu'avant. 

En attendant, je profite de chaque instant. Il y a quelques jours, j'ai fait découvrir les Jardins du Prieuré d'Orsan (un de mes endroits préférés au monde) à mon barbichu. Nous avons passé la journée les pieds nus dans l'herbe tendre, à flâner entre les arbres fruitiers et les carrés de simples, à humer les vertes odeurs dégagées par les parterres, à nous perdre volontairement dans les petits labyrinthes, à parler aux poireaux et à faire une sieste clandestine et improvisée dans le verger de pommiers, celui que j'aime tant, mon Avalon. 

IMG_0212 Parait que les sorcières un peu gourdes parlent aux pommes ...

Cet endroit me ressource comme aucun autre, si ce n'est Brocéliande elle-même. Comme d'habitude, j'ai rapporté quelques trouvailles tombées au sol (jamais je prendrais un fruit ou même une feuille à l'un de ces arbres, seulement ceux qu'ils voudront bien faire tomber devant moi pour m'en faire cadeau, à l'exception du gui, puisque le jardinier lui oppose un combat sans merci et ne voit donc aucune objection à ce que certains brins disparaissent !)

1234763_430148323770002_243793325_n Petite et grosse pomme (reinettes), bébé poire, petite branche "offerte" par mon barbichu (je lui disais que je rêverais d'avoir un bois, il me l'a tendue en me disant "tiens, un bois". L'andouille), plumes et gui d'aubépine. 

 

Et puis, hier, armés d'un panier et de ventres affamés, nous sommes allés cueillir des mûres. C'était la première fois pour le barbichu (ce petit citadin), et l'occasion de pas mal de fous rires dans les haies-qui-piquent (interdiction formelle de les insulter, car selon ma grand-mère, les ronces, vexées, "rendent les mûres immangeables et donnent la déripette". Le pauvre homme des villes a eu bien du mal à rester poli ...). La récolte, assez maigre encore, m'a quand même permis de faire une belle grande tarte (avec de la crème pâtissière maison, s'il vous plait). Enfin, elle aurait sûrement été plus fructueuse si j'en avais moins grignoté (une pour moi, une pour le panier, une pour moi, une pour le panier, une pour moi, une pour ... ah merde, elle est un peu écrasée ... bon ben, pour moi alors. Où j'en étais ? Ah oui, une pour moi ...). Comme tous les ans, je suis revenue les doigts et les lèvres bordeaux avec une cheville sanguinolente (une ronce m'a écharpée sur 7 bons centimètres d'une cheville à l'autre, en me faisant bien sentir mon tendon d'Achille, et me laissant pleiiiiin d'épines encore plantées dans les coupures) (sur ce, je demande à mon barbichu d'aller me chercher mon couteau suisse, qui a une pince à épiler, et il est revenu avec ... ma bolline. Sans doute que, pour lui, une telle blessure valait une amputation du pied).

1238924_429746187143549_891585900_n Ouh les vilains gourmands !

Bizarrement, ce genre de "blessure" me rend fière, j'ai l'impression d'avoir payé une dette de sang à la plante qui m'a sustentée, comme si elle m'avait chopé le pied en me disant "hep hep, toi, minute ! Tu as quelque chose pour moi, je crois ...". L'esprit de la Ronce est l'un des premiers esprits du végétal que j'ai senti dans mon enfance, sans doute parce que je "vais aux mûres" depuis toute petite, et que je n'en suis pas à ma première estafilade (l'une d'elle, particulièrement grosse et acérée, m'avait même transpercé la peau du bras de part en part, comme un piercing). C'est un esprit très ambivalent, que j'ai toujours vu comme une vieille sorcière un peu tordue. Celle qui va te tendre un panier de fruits sous le nez, et te l'enlever juste quand tu avances la main pour te coller une gifle monumentale et te balancer un sermon sur l'impolitesse tout en ricanant de te voir pleurer sur ta joue meurtrie. Elle n'est pas méchante, loin de là, et elle n'est pas gentille non plus (le barbichu confirmera, lui qui a passé une partie de l'après-midi à gueuler "je vous insulte pas, hein, mais franchement z'êtes pas sympa miiiii"). Elle est sauvage, indomptable, plus forte que n'importe qui, malgré ses apparences de grand-mère frêle. Et c'est une sacrée donneuse de leçons. Cela dit, si tu passes outre les épreuves qu'elle t'impose, elle te récompensera avec le plus succulent des fruits sauvages, sa précieuse mûre.
Je ne fais jamais d'offrandes directes à la Ronce. Elle se sert sur moi, elle-même, quand elle veut, où elle veut, et se contente uniquement de mon sang. J'ai toujours eu l'impression que le reste ne l'intéressait pas. 

Parfois, ça fait mal mais ... le jeu en vaut la chandelle :

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Commentaires
A
Une belle relation, racontée avec beaucoup de poésie et d'humour... :)
E
J'aime ta Dame Ronce moi aussi ;) Elle me fait beaucoup penser à Dame-Ortie, rigolote mais un peu... piquante, une vraie fée quoi ! Il faut savoir la prendre (la fée ou l'ortie ? à vous de savoir... ptet bien les deux, eh)...<br /> <br /> <br /> <br /> Je lis au début de ton message un vent de changement... Tiens-moi au jus (de mûres) quand tu auras le temps ! Moi aussi j'ai des news héhé !
R
Ta Dame Ronce, elle me fait penser à Dame Holle :)
P
Ha chez moi aussi ça sent l'automne, depuis une semaine à peu près, j’espère juste que ça sentira pas l'hiver trop tot...<br /> <br /> En tout cas tu me fais saliver avec ta tarte aux mures ^^ miaaaam !
M
Hé hé, le début de ton article m'a fait sourire, tellement j'aurais pu écrire exactement la même chose (l'automne à Lughnasadh -même que je le décale "exteprès" au 5 ou 6 août, le "l'automne était ma saison préférée, avant"). <br /> <br /> J'aime beaucoup ta vision de l'esprit de la Ronce, si bien décrit (j'ai eu fort à faire avec une de ces vieilles sorcières aux doigts crochus avant-hier, elle ne voulait pas me laisser repartir, jugeant sans doute que je ne lui avais pas offert assez de gouttes de mon sang ^^, mais le résultat de cette "bataille" méritait bien tout ça (ma "ficonture" mûre-raisin, définitivement nommée Muin, est une tuerie ! Même le zomme, qui n'est pas gourmand de sucré, a approuvé ;) )<br /> <br /> Sur ce, je te souhaite de profiter de ce weekend et de zénifier au maximum. Bises.
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